Alors voilà.
On est rendu à la moitié de l'année scolaire. Ouf ! Mais il reste encore la moitié à faire...
Aujourd'hui était une sale journée. J'ai passé de mauvais moments, j'ai eu la gorge nouée plusieurs fois et je suis fatiguée et en plus, la gastro est toujours en cours chez nous.
Je m'interroge beaucoup trop. L'éducation de mes enfants, ce que je fais en classe, notre projet à l'étranger, est-ce que je devrais faire ci ou ça. Tout y passe.
Je me soigne, hein. Enfin, j'essaye du moins. Mais c'est pas facile, c'est en moi.
Et mes journées en classe deviennent terribles à vivre.
Les élèves, je commence à m'habituer. L. qui pète un câble à 9h05, H. qui répond avec insolence, ou A. qui pousse des petits cris aigus. On s'habitue.
Aux gens qui me disent "Ah, tu ne travailles que 2 jours par semaine ?!!", je réponds "Oui, et j'ai le salaire qui va avec." blasée.
J'ai même arrêté les innovations : le travail en groupe, les ateliers, le matériel Montessori, je n'arrive pas à le mettre en place. Trop compliqué avec ces gamins, me dit ma binôme, et elle a sans doute raison.
Mais le pire, c'est l'ambiance. J'ai parlé de mon projet Québec l'autre jour. Bon, OK, j'ai un peu amené ça comme un cheveu sur la soupe parce que j'ai du mal à partager mes projets perso avec mes collègues, mais la plus belle réponse a quand même été "Je ne vois pas ce que ça peut apporter aux élèves".
Ca a même touché ma relation avec ma super binôme. Trop de tension, trop de tout. Difficile à supporter.
Heureusement, aujourd'hui, on a parlé. Ouf, la délivrance.
Elle décrit un "vide humain", tellement ça manque de communication et de choses constructives dans cette école.
Et c'est drôlement dur à vivre.
H. justement, me dit souvent quand je lui fais une remarque disant qu'il ne devrait pas se comporter de telle façon parce qu'il va y avoir des conséquences : "C'est pas la fin du monde".
Cette phrase me choque. D'abord parce qu'elle a le don de tout minimiser.
Une fessée, c'est pas la fin du monde.
Une dispute, c'est pas la fin du monde.
Ensuite, parce que, si on s'arrête à ça, bah on continue et puis tant pis ! On n'a pas toujours le choix, la vie va et puis c'est comme ça.
Alors je pense à toutes ces personnes qui font un boulot qui ne leur plait pas, mais qui n'ont pas le choix.
Toutes celles qui bossent avec des gens odieux, et qui n'ont pas le choix.
Toutes celles qui bossent parce que "faut bien bouffer", quoi.
Depuis 1 mois, je réfléchis à une solution pour quitter coute que coute cette école. Je ne peux plus assumer cette ambiance de merde.
J'ai plusieurs solutions en stock, mais ce ne sera pas facile.
Je réfléchis aussi à quitter l'Education Nationale. Oui.
J'aimerais défendre l'école publique jusqu'au bout. Mais je me détruis à petit feu, je ne m'y retrouve plus.
J'ai aussi plusieurs solutions en stock, à voir ce qui sera possible de faire.
Dans tous les cas, partir en septembre prochain serait pour moi une délivrance.
Une fuite, une ouverture ou une expérience, on appelle ça comme on veut. Peu importe.
Mais il est temps de faire quelque chose.